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Photo jardin de ville VAL'HOR / Les Victoires du Paysage / F.Degroise

La palette végétale : un atout pour la bonne question de l'eau

Il est temps d'adapter la palette végétale de nos massifs pour mieux résister aux épisodes de sécheresse.

Si une plante manque d’eau ou en a trop, elle vous le fait aussitôt savoir en fanant. La question de son remplacement se pose alors. Et si on élargissait le choix vers des plantes plus résistantes ou plus adaptées au climat ? Voyons le bon côté : le réchauffement climatique permet de proposer des variétés innovantes ou d’acclimater des plantes jusqu’ici peu connues ou oubliées. Faisons le tour de la palette végétale économe en eau lors des épisodes de sécheresse.

L’eau, une source de vie à respecter

Les besoins en eau des plantes

Savez-vous qu’une plante est composée de 60 à 80 % d’eau ? La tomate comprend quant à elle 95% d’eau dans ses tissus ! Autant dire que l’apport hydrique est vital pour les végétaux. Mieux encore, l’eau est absorbée par les racines, puis transpirée dans l’air, offrant ainsi une régulation de température bienvenue. Un chêne adulte peut ainsi transpirer 150 000 l d’eau par an (soit plus de 400 l par jour).

A contrario, il « boira » beaucoup d’eau dans le même temps : environ 450 l par jour quand il fait chaud ! Sachez cependant que ces besoins en eau diffèrent selon les plantes : saule, peuplier et bouleau figurent dans le tiercé des arbres les plus gourmands. Ce n’est pas pour rien qu’ils sont plantés pour éponger les terres submergées.

On comprendra qu’il n’y a pas de mauvaise plante, mais un choix orienté vers les objectifs concernant la gestion de l’eau.

Les plantes à la peine

Suite à un été 2022 caniculaire en Angleterre, la RHS (Royal Horticultural Society) a lancé un grand sondage pour établir quelles plantes en avaient le plus souffert. Parmi les 8000 réponses reçues, il est ressorti que les hortensias, érables et fuchsias avaient pâti des fortes chaleurs. On retrouve aussi dans le top 10 les astilbes et les fougères. Or, ces plantes demandent un environnement humide : l’emplacement trop ensoleillé et la terre asséchée ont pu leur être fatals.

La RHS invite ainsi ses ressortissants à ne pas remplacer à l’identique ces plantes mortes et se tourner vers des alternatives. En France également, la recherche d’une nouvelle palette végétale s’impose. En février 2023, une étude réalisée par KANTAR pour VALHOR et FranceAgriMer indique que 73 % des 4500 foyers représentatifs interrogés avaient adapté leur choix de végétaux à la sécheresse.

Une palette végétale adaptée, en se méfiant des clichés

Le profil-type des plantes à faible besoin en eau

Quand on évoque « les plantes chameaux », des espèces évidentes surgissent : cactées, succulentes, palmiers… Ces végétaux ont su tirer parti de leur morphologie. Ainsi, les épines des cactées correspondent à d’anciennes feuilles épaissies pour capter l’humidité, et en perdre le moins possible. Bien qu’elles présentent un intérêt ornemental et une très bonne résistance à la sécheresse, ces végétaux ne sont cependant pas à privilégier si vous souhaitez que votre jardin contribue à la préservation de la biodiversité par la création d’espaces accueillant pour la faune, ou encore participe à rétablir le cycle de l’eau.

Les plantes à petit feuillage ou à feuilles étroites (comme les graminées) résistent également mieux aux coups de chaud que celles à grandes feuilles. Voici les autres caractéristiques des feuilles à haute résistance :

  • Velues ou poilues pour capter toute forme de rosée : épiaire laineux (Stachys byzantina), molène (Verbascum)
  • Feuilles à l’aspect cireux comme les sédums
  • Feuillage grisé ou argenté : il s’agit d’une adaptation morphologique du végétal à la réverbération du soleil, comme la lavande, l’armoise ou l’hélichryse (ou plante curry).
  • Feuillage épais : les succulentes comme les aloès ou les agaves se gorgent d’eau pour passer sans encombre les périodes de sècheresse. Dans le genre record, citons aussi la Rose de Jéricho (ou plante de la résurrection), qui est capable d’entrer en dormance des années avant de ressusciter à la première averse.
VAL'HOR / Les Victoires du Paysage / F.Degroise
VALHOR/Les Victoires du Paysage / F Degroise

Les plantes méditerranéennes, les championnes de la sobriété, mais pas du rafraîchissement

Sol pauvre, été sec et brûlant, hiver frais, vent omniprésent : le climat du Midi de la France est une parfaite allégorie du climat, et les plantes méditerranéennes y résistent parfaitement :

  • Arbustes : millepertuis (Hypericum), laurier-rose, ciste, perovskia, vitex, callistemon …
  • Arbres fruitiers : grenadier, feijoa, olivier
  • Vivaces : pourpiers vivaces (Delosperma), ceraistes, acanthe…
  • Quelques graminées aimant le chaud, comme la fétuque bleue ou le pennisetum

Cette adaptation à des conditions extrêmes présente un revers : ces plantes bloquent ou limitent au maximum leur évapotranspiration quand il fait chaud. Elles ne jouent donc pas le rôle de rafraîchissement espéré. Dans cette optique, mieux vaut se tourner vers des grimpantes pour rafraîchir les murs de votre maison, des arbres à la silhouette en parasol (comme le tamaris) et des plantes couvre-sol qui vont agir comme climatiseur.

Et surtout, tournez-vous vers un professionnel qui vous donnera les conseils les plus adéquats pour votre terre, votre exposition… et l’aménagement de votre jardin en général.

Le potager verger

Arroser avec discernement au potager

Source d’économies substantielles, le potager est un allié indispensable pour nos assiettes. C’est pourquoi se passer d’arrosage peut sembler contreproductif ! L’idée serait plutôt de se tourner vers une démarche d’arrosage raisonné, notamment avec un récupérateur d’eau.

Néanmoins, rien ne vous empêche de compléter votre gamme de plantes cultivées au potager avec des légumes/fruitiers plus originaux :

  • Le Niébé (Vigna unguiculata) ou Black Eyed Peas : cette alternative aux haricots grains apprécie les situations ensoleillées et peut se contenter de sols pauvres.
  • Patate douce (Ipomoea batatas) : ce tubercule est à réserver aux régions à très long été ou automne doux.
  • Le gombo (Abelmoschus esculentus) ou okra : ces gousses vert brillant à haut pouvoir nutritionnel demandent beaucoup de soleil pour s’épanouir.

Les aubergines, concombres ainsi que les poivrons/piments restent bien sûr aussi de bonnes idées.

Les aromatiques et les fruitiers

Bien sûr, les pommiers de Normandie ne vont pas se muer en papayers, mais certaines régions du Sud envisagent de nouvelles cultures plus sobres. Le pistachier fait ainsi son grand retour en Provence. Citons aussi, outre les arbres évoqués plus haut, le jujubier, le kaki, le mûrier ou le néflier du Japon. Dans tous les cas, multipliez vos chances en soignant les arrosages les deux premières années afin de bien enraciner vos fruitiers.

Ajoutez des aromatiques provençales comme le thym, la sarriette ou le romarin pour animer le tout. On retrouve chez ces condimentaires le feuillage grisé et les petites feuilles chères aux plantes sobres en eau.

Jouez également avec les groupements de végétaux, certaines plantes pouvant éloigner des ravageurs indésirables (exemple de la carotte) ou bien pouvant abriter les plus fragiles.

La pelouse, doit-on s’en passer ?

Entretenir le gazon existant

La pelouse se compose de différentes semences de graminées, le mélange étant parfois orienté pour répondre à un besoin précis : gazon sport, gazon anglais, gazon pour l’ombre… Depuis quelques années, il n’a pas bonne presse : il est accusé de ne pas favoriser la biodiversité, de mobiliser plus d’eau que nécessaire ou encore de ne pas réguler la température du jardin.

Condamner le gazon est aller un peu vite en besogne. En effet, un gazon reste toujours préférable à une surface minérale. Et surtout, il est possible de le rendre bien plus résistant aux variations de températures et le faire gagner en sobriété.

Selon un sondage BVA pour SEMAE sur les Français et le gazon datant de 2023, 53% des Français n’arrosent pas leur pelouse. Donc si vous avez déjà un gazon, passez la lame de votre tondeuse en position haute pour obtenir une pelouse d’une dizaine de cm, parsemée de fleurs. Elle accueille ainsi les insectes et autre faune du jardin, et résiste mieux au soleil. De plus, les racines profondes du gazon permettent de mieux infiltrer l’eau dans le sol.

Des nouveautés qui demandent moins d’eau

Pas de gazon dans l’immédiat ? Testez alors de nouvelles semences pour terrain sec : le gazon Kikuyu, l’herbe des Bermudes (Cynodon dactylon), ou les espèces spontanées comme le chiendent.

Pensez aussi aux espèces couvre-sol hors graminées. Citons ainsi :

  • Le dichondra rampant (Dichondra repens) : cette couvre-sol de la famille du liseron ne demande pas de tonte, s’établit sans problème dans les environnements (ombre, littoral…), mais n’aime pas trop le piétinement.
  • Frankénie (Frankenia laevis) : la bruyère marine peut vous sauver la vie dans des endroits peu passants et arides. Elle fleurit joliment en rose.
  • La verveine nodiflore (Phyla nodiflora) : elle sent bon, aime le piétinement et arbore des fleurettes blanches. Seul souci : elle brunit l’hiver.
  • Le thym serpolet ou hirsute (Thymus serpyllum ou hirsutum) : son odeur agréable et ses fleurs violettes attirent les abeilles et on apprécie sa bonne rusticité. En revanche, il préfère les expositions plein soleil, une humidité très modérée et les sécheresses de courte durée. Bref, il est idéal pour les zones peu fréquentées et à sol pauvre.

N’hésitez pas à confier la réalisation de votre nouveau gazon à un professionnel du paysage, demandez-lui conseil pour le choix des plantes à installer.

Comment faire passer l’été au balcon ?

Des variétés plus résistantes

La saison estivale de votre terrasse ou balcon peut être particulièrement rude pour vos plantes. Bien sûr, vous adapterez l’arrosage ainsi que l’aménagement de vos potées. Arrosez ainsi de manière moins fréquente mais en plus grande quantité : ainsi les racines peuvent se renforcer. Privilégiez le matin tôt pour éviter que l’humidité ne s’envole trop vite avec la chaleur. Pensez au paillage pour retenir au maximum le frais.

Tournez-vous aussi vers de nouvelles variétés. Les traditionnels géranium lierre et zonale, pétunias ainsi que les bégonias ont bénéficié de la sortie de cultivars bien plus résistants qu’auparavant au coup de chaud. L’arrivée en force du Dipladenia – Mandevilla est aussi la preuve d’un besoin de plantes chameau.

Quelques exemples de plantes sobres

Ensuite, vont se présenter au jardinier les genres suivants :

  • Achillée
  • Angelonia
  • Anigozanthos
  • Lantana
  • Pavot de Californie (Eschcholzia)
  • Portulaca
  • Calylophus
  • Melampodium

Adapter son jardin ou son potager au manque d’eau implique donc de lui choisir des espèces adaptées. Nous en avons cité un certain nombre, mais la liste ne cesse de s’allonger au fur et à mesure des cultivars plus sobres et des végétaux acclimatés !
Soyez aussi à l’affût des plantes primées dans les salons du végétal ou fête des plantes : elles sont souvent pensées pour les nouvelles conditions climatiques. Votre jardinerie, horticulteur ou pépinièriste préférées vous renseignera sûrement sur ces nouveautés !