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Les clés pour bien aménager son jardin

Bien aménager son jardin pour gérer une ressource en eau trop ou pas assez disponible

Avez-vous remarqué ? Les parkings et cours d’école voient leur bitume disparaître au profit des revêtements perméables, les fosses autour des arbres urbains sont agrandies… Toutes ces actions correspondent à une prise de conscience : sans terre disponible, l’eau n’est plus captée, inonde les alentours et n’est plus disponible pour les végétaux en période estivale. Les végétaux et les sols ne peuvent alors plus remplir leurs rôles de gestionnaires de l’eau.

On pourrait penser qu’au jardin, le sol est 100% présent, et que les risques d’inondation sont écartés. Mais l’aménagement du jardin a tout autant son rôle à jouer : le rendre perméable, l’abriter du vent et bien choisir ses plantes participent à la bonne gestion de l’eau. Nos idées et astuces pour aménager intelligemment votre coin de verdure !

Optimiser le cycle de l'eau

Connaissez-vous l’eau verte ? C’est toute l’eau qui transite par les plantes et le sol. Elle constitue l’eau terrestre, contrairement à l’eau bleue, retrouvée dans les cours d’eau et les océans.

Le flux d’eau verte participe au cycle de l’eau. Il est d’abord évapotranspiré par les plantes via leurs stomates ou leurs lenticelles. Les sols restituent également l’eau par transpiration. Dans l’air plus frais, cette vapeur se transforme en gouttelettes puis en précipitations, aidée alors par les composés diffusés par les plantes. La pluie tombe ensuite sur les sols. Là :

  • 50% des eaux sont infiltrées au jardin et dans le sol, où elles rejoignent les nappes phréatiques. Plus on trouve de végétation, plus elles peuvent donc se recharger.
  • 40% sont évapotranspirées par la végétation pour repartir sur un nouveau cycle de l’eau.
  • 10% ruissellent et rejoignent les fossés, cours d’eau…

Voilà pourquoi il est important de maintenir une végétation importante car, sans plantes, il n’y a pas de précipitations. Les plantes et les sols fonctionnels permettent également d’évacuer l’eau, d’éviter les inondations et engorger les réseaux d’assainissements. C’est un cycle vertueux à amplifier dès qu’on peut.

Cycle de l'évapotranspiration Schéma évapotranspiration
Jardin de pluie ou système de biorétention

Aménager son jardin : le rendre plus perméable

Le ruissellement se déroule lorsque l’eau ne peut pénétrer dans les sols. Elle se fraie alors un chemin vers un point de passage (sols perméables, captage par la végétation, réseau d’évacuation). Freiner le ruissellement passe souvent par une étude du circuit d’eau pluviale dans votre jardin. S’il est en pente, le risque est que l’eau s’accumule en bas de votre terrain, et que le sol soit lessivé par les pluies. L’idée est donc d’adoucir les reliefs pour mieux répartir l’eau au moment des pluies, et de végétaliser les pentes pour la retenir.

Même en l’absence de relief, des flaques s’accumulent dans votre jardin à des endroits précis ? C’est souvent le cas dans des régions où les pluies sont violentes et où les sols sont argileux. La première étape est d’agir sur la croute de battance. Cette fine couche de sol (notamment sur les sols argileux) est un véritable obstacle à la pluie. Des opérations de décompactage et de binage peuvent aider à résoudre la problématique.

Pour « pomper » cette eau résiduelle, pensez au jardin de pluie. Sous cette appellation poétique se cache un aménagement pensé comme les noues paysagères, ces fossés végétalisés qui entourent certaines réalisations paysagères. Commencez par creuser une légère cuvette et prévoyez un fond très drainant de sable, puis une couche de terre amendée. Combinez ensuite galets et graminées, vivaces et arbustes pour absorber l’eau. Tournez-vous vers un paysagiste pour élaborer un jardin de pluie dans les règles, associant les plantes adaptées à votre terrain et l’aménagement idéal.

L’accès ou votre garage, votre terrasse ou vos allées de jardin peuvent aussi participer à la perméabilisation. Pensez aux dalles végétalisées ou aux pavés alvéolés, à remplir de gazon ou de plantes couvre-sol. Le thym serpolet a la cote en zone sèche : le piétinement (modéré) libère sa bonne odeur.

Aménager son jardin pour limiter l’effet du vent

D’un côté, le vent a bonne presse : tout le monde apprécie une brise légère pour se rafraîchir les jours de forte chaleur ! Il en est de même pour vos plantes. Certaines comptent aussi sur le vent pour être pollinisées. Le vent permet également d’éviter certaines maladies comme le mildiou.

Mais le tableau n’est pas si idyllique. Lorsqu’il souffle fort, les bourrasques peuvent déraciner les plantes ou à minima casser les branches, faire s’envoler les fleurs de printemps (et les futurs fruits)… Sur le long terme, les arbres et arbustes peuvent se déformer face au vent et voir baisser leur production florale.

Même lorsqu’il ralentit, le vent n’est guère appréciable au jardin. Voici ses 3 principaux inconvénients :

  • Il peut refroidir les plantes de manière trop brutale, d’où l’intérêt de les protéger en hiver.
  • En dissipant l’eau à la surface du sol, il le dessèche plus vite. A terme, ce phénomène accentue la demande en eau des plantes.
  • Il accélère la transpiration des plantes. Ce phénomène bien connu consiste pour les végétaux à transpirer de l’eau par les stomates au niveau des feuilles ou les lenticelles au niveau de l’écorce.

Il est donc important de gérer l’effet du vent, en fonction de votre territoire. Si votre secteur est soumis aux précipitations de manière régulière, il est convenable de laisser ce vent sécher le terrain. Dans les secteurs arides, il est de bon ton d’abriter le jardin, afin de conserver une humidité.

Aménager son jardin : penser à la haie brise-vent

Quelle solution peut-on envisager pour briser les assauts du vent au jardin ? Contrairement à ce qu’on pourrait penser, un mur n’est pas idéal : en stoppant brutalement le courant d’air, il créé un remous préjudiciable pour les plantes alentour.

Mieux vaut une solution plus perméable : la haie brise-vent. Composée d’arbustes/arbres persistants ou caducs, elle peut également être mixte ou mono-espèce. Réservez le traditionnel peuplier à des jardins de grande ampleur, et préférez des arbustes ou des arbres de petite taille : charme, aulne, laurier-tin, éléagne… En prime, si vous optez pour une haie mixte, vous pouvez étaler les floraisons et fructifications pour attirer pollinisateurs et oiseaux.

On estime qu’une haie brise-vent protège du vent sur 10 fois sa hauteur : ainsi une haie de 2 m de haut préserve le jardin sur 20 m derrière elle. Une haie brise-vent se plante en automne ou au printemps, à l’écart des gelées. Il existe des kits de plantation « haie brise-vent » adaptés à votre sol ou vos conditions climatiques : renseignez-vous auprès de votre pépiniériste, de votre conseiller de vente, ou de votre paysagiste. Il vous proposera les essences les plus adéquates, notamment si vous vivez dans une zone précise (littorale ou dans le Midi de la France.)

Utiliser tous les types de végétaux pour optimiser l’eau

Aménager son jardin : planter en étages

Reproduisez une canopée forestière en proposant différents niveaux de plantes :

  • Strate supérieure : des arbres,
  • Strate médiane : des arbustes ou petits arbres,
  • Strate inférieure : des vivaces arbustives en couvre-sol. Vous pouvez combiner ces plantes avec des espèces utilisées pour les gazons ou bien la flore spontanée se développant au sol.

Imitez le fonctionnement d’une forêt : protégez les plantes basses du soleil et du vent grâce à la présence filtrante des végétaux de plus grande taille. Pour y parvenir, étudiez bien la hauteur adulte des arbres au moment de la plantation et respectez bien les distances entre chaque. Ainsi, vous ne risquez pas la concurrence entre les espèces.

En procédant ainsi, vous pouvez rafraîchir l’atmosphère de manière pérenne. La meilleure preuve est que de la rosée se présentera sur vos feuilles, même si le temps est sec. Et surtout, la corvée d’arrosage s’allègera d’autant.

Le saviez-vous ?

Une surface de 1 m² de feuilles peut faire circuler des milliers de m³ d’air par heure et peut dans certaines conditions faire condenser l’équivalent de 2 à 4 mm d’eau par jour, similaire aux précipitations d’un gros orage tous les 10 jours !

Bien choisir et entretenir ses plantes

La palette végétale doit être soigneusement sélectionnée pour économiser l’eau. Pensez donc plantes chameau, mais aussi espèces tolérantes au vent, comme les graminées. Attention cependant à ne annuler l’effet rafraichissant et de circulation de l’eau précédemment décrits et liés à l’évapotranspiration des plantes : des plantes adaptés à la sécheresse sont des plantes qui évapotranspirent peu ! tout est question d’équilibre. Votre pépiniériste ou votre paysagiste saura vous conseiller sur les végétaux adaptés.

Nous ne saurons trop non plus vous recommander de soigner la taille de vos arbres et arbustes. En taillant le centre de l’arbre, non seulement vous permettez au soleil de s’inviter, mais aussi au vent de s’infiltrer sans causer de casse de branches. Vous augmentez d’autant la perméabilité de vos plantes et évitez ainsi les dommages du vent.

Confiez la taille de vos arbres ou de votre verger à un entrepreneur du paysage : il vous montrera les bons gestes pour optimiser leur croissance et les futures récoltes.

Bien aménager son balcon

Aménager son balcon avec de grands contenants

Si vous avez un jardin de cour ou un balcon, l’aménagement de vos potées a toute son importance pour économiser de l’eau. En effet, on estime que les plantes exigent environ 10 % à 20 % de leur volume de substrat en eau à chaque arrosage. Ainsi, un petit pot rond de 20 cm de diamètre, soit un volume de 10 l de terreau, demande 100 à 200 ml d’eau.

Mathématiquement, il sera plus judicieux de prendre une grande potée / balconnière plutôt que de multiplier les petits pots. La demande en eau y est plus concentrée, et vous arroserez mieux. A cela s’ajoute le fait que dans un bac présentant un grand volume de substrat, la plante puise plus de ressources. Elle peut aussi développer un système racinaire plus puissant. Elle demandera moins d’eau pour pousser et sera aussi plus résistante quand la chaleur s’installera. Vous pourrez également reconstituer des strates végétales complémentaires, en installant vos plantes aromatiques au pied d’arbustes.

Guillaume Jullien pour d'un bout à l'autre

Privilégiez le pot en terre cuite au cache-pot métallique dans des tons noirs : il sera moins vite chauffé par les rayons du soleil. Gagnez aussi en tranquillité d’esprit avec les pots à réserve d’eau ou avec coupelle (à vider régulièrement pour ne pas attirer les moustiques). Les jardineries et producteurs ont considérablement étoffé leur choix de contenants, craquez pour la couleur ou la forme qui fera la différence au jardin. Une fois achetées, rapprochez vos potées pour qu’elles soient plus faciles à arroser, et qu’elles entretiennent leur humidité.

Pots à mi-ombre

L’autre atout est de placer vos pots loin du plein soleil, particulièrement si vous habitez dans le sud de la France. La mi-ombre convient bien mieux aux plantes qui peuvent supporter ainsi les écarts de températures brusques. L’abri d’un mur ou d’un pare-soleil sera des plus appréciés.

Si vous n’avez pas le choix, pensez aux voiles d’ombrage pour vos plantes : quelques poteaux et un vélum peuvent aisément protéger vos aromatiques ou annuelles en pot. Enfin, pensez à abriter aussi vos balconnières du vent qui dessèche aussi les plantes de terrasse.

Le cycle de l’eau

Jardin d’eau, haie brise-vent, pots XXL : les solutions d’aménagement ne manquent pas pour rendre votre petit coin de nature résilient face à une ressource en eau dont la disponibilité sera de plus en plus variable (du trop au pas assez). Surtout, prenez le temps de bien diagnostiquer les soucis au préalable et suivez nos conseils pour améliorer votre sol ou bien arroser.

Fiche conseil 2 : Bien aménager son jardin